Saverne et sa région : châteaux forts et Canal de la Marne au Rhin
Si vous êtes sur Instagram, vous avez sûrement vu mes stories de notre mini séjour en Alsace fin juillet. Là d’emblée, si vous me demandez ce que j’ai retenu de ces deux jours, je vous dirais : paysages !!! Je n’aurais jamais cru que cette région était si riche en paysages ! J’y étais venue avec mes parents quand j’étais plus jeune (10 ans max) et n’avais aucun souvenir visuel, juste quelques sensations : impressionnée devant le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller, ennuyée au château du Haut-Barr ^^
Pourquoi y retourner alors ? Déjà parce que je n’aime pas rester sur de vieilles idées préconçues, mais aussi parce que mon amie d’enfance Anne nous y a invités à passer une nuit ou deux, avant son déménagement pour Strasbourg ! Une superbe occasion de revenir sur mes a priori !
Après avoir jeté un œil à Google Map, j’ai retenu quelques idées de visites : le plan incliné, le Haut Barr, et le rocher de Dabo. Nous avons dû renoncer à ce dernier. Il a fait monstrueusement chaud (35°C le premier jour, 38°C le deuxième…), ce qui a tout rendu beaucoup plus pénible, et nous a obligé à écourter les visites. En revanche, nous avons découvert le château de Lutzelbourg, complètement par hasard, et c’est finalement l’endroit que j’ai préféré !! Comme quoi, le hasard fait souvent bien les choses !
Voici notre parcours en carte (merci Google Map, mais retouchée pour y voir plus clair ^^). C’est toujours plus facile pour se repérer ! Plus facile aussi pour comprendre l’intérêt stratégique de la zone : le Massif des Vosges s’adoucit, à cet endroit-là, pour s’élever à nouveau plus au nord.
Il s’agit donc d’un passage naturel entre la Lorraine et l’Alsace, entre la France et l’Empire germanique… Le contrôle de cette zone était décisif, et d’ailleurs l’histoire de cette région fut extrêmement mouvementée, passant régulièrement d’une domination à une autre, et dut même faire face à des perturbations de clans de brigands (forcément, le passage étant quasi obligé pour passer de l’Ouest à l’Est, c’était la région idéale pour détrousser les voyageurs !!).
1. Le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller
Aussi impressionnant que dans mes souvenirs ! C’est rare, souvent on est déçu, façon « ah, ce n’était que ça finalement ?! » Là non !
De quoi s’agit-il ? D’une écluse avec ascenseur à bateau. Tout simplement ! Enfin « tout simplement »… C’est énorme comme concept, quand même ! Fallait y penser !
Le contexte
Le plan incliné est située sur le Canal de la Marne au Rhin, construit de 1839 à 1853. Il relie Vitry-le-François à Strasbourg par voie navigable, en passant entre autres par Bar-le-Duc, Toul, Nancy, Dombasle, Saverne. Cette configuration géographique de traversée des Vosges au niveau de Saverne s’est révélée idéale dans l’étude du projet.
A l’époque, les péniches sont halées le long du canal par des chevaux, voire des hommes. Le temps que ça devait prendre…
Quelques chiffres
- construit en 1967
- 44.55 m de dénivelé
- évite 17 écluses sur 4 km, et donc fait gagner 1 jour entier de navigation !!
- durée du passage : 20 mn, comme pour une écluse classique
- 900 tonnes !!
Attention, sur le site Internet, on se perd assez facilement dans les horaires et tarifs.
- Le premier niveau de visite est déjà pas mal (plan incliné visible depuis le haut, entrée libre dans la salle des machines, explications sur le fonctionnement), mais vraiment très rudimentaire. La salle des machines est impressionnante lors du fonctionnement des treuils mais elle est simplissime.
- Je conseille vraiment le deuxième niveau : vous ajoutez la descente et la remontée en bateau, et une petite balade. Compter 8 – 10 €. C’est ce que je voulais faire, mais je me suis mélangée les pinceaux dans les horaires… Attention, aucun départ entre 13h30 et 16h30 ! Nous aurions dû attendre plusieurs heures… Avec les enfants et par cette chaleur, ça n’était pas envisageable, ni même de partir et de revenir.
- Il nous a donc fallu nous rabattre sur le troisième niveau, sympa bien sûr mais plus cher : passage d’une écluse (traditionnelle cette fois-ci, donc pas mal pour comparer, surtout avec les enfants) et balade plus longue, jusqu’à Lutzelbourg, puis retour. Compter 10-12 €. Le bâteau part à 14h30 !
- Enfin il y a la visite du petit train, qui longe le canal sur une plus grande distance, par la route.
La visite
En attendant l’arrivée du bateau, nous avons eu la visite du site lui-même. Deux bateaux de plaisance passaient justement, la démonstration était idéale.
Et le bac remonte, vide…
Dans le bateau, j’imagine que la balade est plaisante. Il est plutôt sympa, une partie avant est fermée/vitrée, l’arrière est ouvert aux quatre vents. Nous étions dans la partie vitrée, légèrement aérée mais… par 35°C… L’intérêt de la visite était là, vraiment, mais nous nous liquéfiions littéralement. Par forte chaleur : fuyez !!! Sinon, c’est vraiment bien !
Une dame était à la barre (girl power !! ^^ ), un monsieur au micro pour expliquer le fonctionnement de l’ensemble, puis les différents points intéressants de la balade.
J’ai mieux vu la remontée, par rapport à ma place dans le bateau. Donc je vous montre le côté technique après la balade, un peu plus loin !
Une fois en bas, on entame un virage pour suivre le canal. C’est à ce moment-là que la vue est la plus belle, et la plus impressionnante aussi !
Points intéressants le long de la promenade (les photos sont prises au travers des vitres du bateau) :
- les falaises de grès rose des Vosges, noircies par un siècle de passage du chemin de fer à vapeur),
- le passage d’une écluse traditionnelle (toujours impressionnant de se retrouver 2 m plus bas que la surface !)
- le viaduc de Lutzelbourg, qui laisse passer les trois voies qui traversent cette trouée des Vosges : canal, voie ferrée, route. D’ailleurs, il est tellement stratégique lui aussi qu’il est criblé d’impacts de balles datant de la Seconde Guerre Mondiale !
La remontée, avec vue sur les poids de… 450 tonnes (oui oui, tonnes, pas Kg) CHACUN… Monstrueux ! Ce qui nous donne enfin une indication sur le fonctionnement de cet ensemble, uniquement mécanique !!
Les seuls éléments sur lesquels l’homme a une quelconque action :
- les vannes qui vident le bac de 20 cm d’eau (ce qui représente tout de même 9 tonnes d’eau…), qui va faire la différence de masse entre le bac, et les poids. En fonction des besoins, ces 20 cm d’eau sont libérés dans la rigole qu’on aperçoit à droite (pour monter), ou reversés dans le bac (pour descendre).
- les énormes crochets, qui vont retenir le bac lorsqu’il est en haut, pendant que les 20 cm d’eau s’écoulent et que les bateaux entrent et/ou sortent.
= Aucun moteur, aucune énergie, une bête histoire de poids et de contre-poids !! Archimède aurait adoré cette application du principe qu’il a découvert 😉
Conclusion
Le plan incliné de Saint-Louis-Arzviller est vraiment à voir, ne serait-ce qu’une fois !! Ce qui m’a le plus bluffée c’est bien sûr cette histoire de poids monstrueux et de fonctionnement purement mécanique. L’être humain peut une belle saleté, mais parfois il lui vient des idées assez extraordinaires !!!
2. Le château de Lutzelbourg
En sortant de cette très chouette visite malgré la chaleur, nous nous dirigeons tout droit vers Saverne. Tout droit… sauf que nous apercevons tout en haut d’un pic rocheux, juste en face de nous sur la route, des ruines de château fort ! Notre curiosité est piquée, nous surveillons les panneaux, et nous bifurquons vers la droite, dans un virage en épingle à cheveux !! La route est un peu chaotique, mais nous arrivons tout en haut et nous nous garons facilement.
Le premier aperçu est plus qu’attirant ! Je suis complètement grisée, une grosse envie d’aventure m’envahit ! Un énorme coup de cœur !
Vue sur la vallée
Une vue à couper le souffle, quasi à 360°C, suivant le canal que nous venions d’emprunter…
Le château
Il a été construit au XIe siècle. Quelques aménagements ont été faits les siècles suivant, mais relativement peu. Je ne vous fais pas le détail de ses divers propriétaires : vu l’historique de la région ça serait totalement indigeste ^^ Fait amusant cependant (enfin, amusant maintenant, à l’époque ça rigolait pas) : c’est un des château qui abritait, au XVIè siècle, un repaire de mercenaires qui avaient des pratiques de brigands lorsqu’ils s’ennuyaient !! Il a fallu une coalition des seigneurs de la région, mais aussi d’une partie de l’Alsace, pour les en déloger, et même détruire le château (les ruines datent de cette époque, en fait) pour empêcher d’autres intrigants de s’y installer à nouveau !!!
Il est donc principalement en ruines, mais ce sont des ruines intéressantes ^^ Les pièces restent matérialisées, une bonne partie des murs est encore debout. Le grand jeu des enfants (et le nôtre !) était d’essayer d’imaginer quelles étaient telle ou telle pièce. Salle d’armes, chapelle, logis du seigneur (ou du seigneur brigand !) et de sa famille, etc. Un endroit dont on ressent l’âme et l’histoire, en tout cas.
Les murs sont d’une sacrée épaisseur !!!
« – Il est où le problème ?
– La porte au plafond là !
– Ça ? J’anticipe ! Si vous voulez faire un deuxième étage, paf ! Vous pouvez parce qu’il y a déjà une porte pour y accéder ! »
Voilà, je ne pouvais pas ne pas la faire, désolée :p Allez, donnez-moi la ref en commentaires, vous y gagnerez toutes mes félicitations ^^
3. Saverne et sa… licorne ??
Après cette magnifique visite, avec peu d’ombre, nous avions vraiment besoin de nous rafraîchir, et les bouteilles d’eau que nous avions prévues étaient déjà vides… Du coup, directement Saverne, pour de bon cette fois-ci, pour acheter de l’eau dans un supermarché, et… aller manger une glace au centre ville.
Alors le centre ville de Saverne, c’est… comment dire ? ^^ … une rue 🙂 Une très jolie rue en revanche, très typique de cette région : du grès rose et des colombages !
Un monument important malgré tout, qui borde le Canal de la Marne au Rhin : le Palais des Rohan, du XVIIIè siècle, qui abrite un musée d’art et d’histoire et un bon nombre d’institutions municipales.
Ce qui m’a finalement le plus marquée, ce sont les armoiries de la ville, dont le symbole est assez présent… Étonnant, non ? ^^ Je n’ai pas d’info très précise, l’origine de cet attachement à la licorne remontait à l’époque romaine !
4. Le château du Haut Barr
Après une journée pareille, nous avons fait la grasse mat’ !! Nous avons hésité à sortir tôt pour justement profiter d’un peu de fraîcheur, mais nous n’avons pas vraiment eu le courage ! Après une matinée au calme et un bon déjeuner en compagnie de l’amie qui nous hébergeait, nous avons repris nos pérégrinations. Qui n’ont pas tant duré que ça tant la chaleur était écrasante, mais nous avons au moins pu aller voir ce château du Haut-Barr qui m’avait visiblement ennuyée quand j’étais enfant ^^
Alors je confirme qu’il est moins parlant que celui de Lutzelbourg au premier abord, mais si on insiste un peu il révèle ses secrets 😉
Le tour de la forteresse
Nous avons commencé par en faire le tour : au lieu de tout de suite rentrer dans la grande porte, continuez le long des murailles et rejoignez le petit sentier. La balade dure une vingtaine de minutes (pas de poussette, pas d’enfant en bas âge, certains endroits sont un peu justes) mais elle est ombragée (bon point !!) et offre différents points de vue sur la forteresse !
Le paysage est encore discret, derrière les arbres, mais on sent qu’il est bien là !!
Ici, impasse ! Il faut en fait contourner le « rocher » par la droite, et on retourne sur le parking par cet escalier !
L’intérieur des remparts
Nous pénétrons enfin dans la grande porte.
Je ne suis pas transportée… Le restaurant qui trône en plein milieu, construit en 1901, donne un ton ultra touristique que je trouve détestable (ça n’engage que moi…). D’ailleurs, plus on s’en éloigne, mieux je me sens…
La chapelle, malgré tout, est mignonne. Habituellement j’accroche davantage avec le style gothique, mais je suis assez touchée par l’authenticité du roman.
Là-haut
Pour moi, le plus grand intérêt du site est tout en haut, et se mérite clairement. Il faut monter des escaliers qui laissent passer le jour entre les marches (on perd déjà une grande partie des phobiques du vide). Un premier palier encourage à aller plus loin. Cette fois-ci les escaliers sont en pierre.
Et là…..
Et encore un pont plus loin…
Voilà, là j’étais bien… En haut, tout en haut !!! (C’est pas moi sur la photo, c’est ma fille 😉 )
C’est sur cette sensation de liberté dingue que nous finissons ce séjour. Un peu écourté par la chaleur, nous aurions aimé passer au rocher de Dabo. Tans pis, une prochaine fois ! Il y a d’autres châteaux à voir de toute façon : le Grand et le Petit Géroldseck, Ochsenstein, Greifenstein, Wangenbourg… qui seront l’occasion d’un autre petit séjour !
A bientôt donc 😉
Alexandrine

